Chacun d’entre nous est né avec des qualités et possède ce que Daniel Ofman appelle des 'core qualities' que nous pourrions traduire par 'qualités premières'. Il en existe des centaines, chacun en possède plusieurs, elles désignent ce qui est apprécié en nous par les autres. Nos chers 6 types sont finalement un regroupement cohérent et imbriqué de certaines d’entre elles dans une dynamique psychologique.
De quel cadran s’agit-il ? Quelles pépites sont à extraire pour former un enseignement à la Process Com ?
Le concept tout d’abord.
Deux exemples pour illustrer ce concept
Une personne créative peut, dans son piège, devenir chaotique. Son challenge sera peut-être de border sa créativité en se contentant de quelques alternatives. Mais si ce challenge est trop poussé à son extrême, cette personne se trouvera rapidement confrontée à son allergie principale : un cadre trop strict devenant enfermant.
Une personne orientée résultat peut dans son piège faire preuve de fanatisme à regarder le score, le combien. Son challenge serait de développer en complément une attention à la manière de l’obtenir, au comment. Mais trop d’attention portée au processus peut faire basculer dans cette allergie de 'vivre par le livre' à l’opposé du pragmatisme initial de cette personne.
Si nous transposons cette réflexion au monde Process Com, les qualités premières sont les points forts des types de personnalité, les pièges ne sont rien d’autres que les comportements sous stress. La subtilité des comportements déclinés aux différents degrés de stress a tendance à disparaître mais l’idée de considérer nos pièges comme nos forces devenues faiblesses en période de stress demeure. Considérer nos pièges comme une sur-utilisation de nos qualités a été largement reprise dans de nombreux développements de référentiels de compétence comme celles de Lominger par exemple.
Quelles sont les pépites à extraire de cette réflexion ?
Nos pièges préférés sont le résultat naturel de nos qualités propres. Si certains d’entre nous doutaient de nos zones d’ombre comme symétriques à nos rayonnants soleils, le moment est venu de reconsidérer l’être humain avec humilité !
Notre flexibilité appréciée est à la source de notre volatilité, notre capacité à trancher et à décider porte le germe de ce côté 'pushy' qui nous est aussi reproché. La bonne nouvelle vient donc des critiques que nous recevons : elles nous renseignent aussi sur nos qualités premières à la source de la déviation…
Lorsque nous entendons 'ne soit donc pas tant…' et que nous sommes enclin à nous justifier et à nous défendre, nous pouvons aussi appuyer sur la touche 'pause' et réfléchir à cette question : de quelle qualité initiale suis-je dans le trop, dans l’exagération ?
Récapitulons le cadran d’Ofman en sens inverse et repartons des allergies. Une allergie est ici à considérer comme l’exagération d’un challenge. Et, si nous suivons la logique du cadran, ce challenge n’est rien d’autre qu’une qualité ressource à développer lorsque nous sommes dans un piège. Moralité de l’histoire : celles et ceux qui vont droit sur mes allergies portent en eux ce dont j’ai le plus besoin. Un empathique qui ne supporte pas un dictateur peut voir avant le dictat une capacité à affirmer ses opinons et à décider. Un homme d’action qui ne supporte pas les mous et leur côté légume prononcé pourrait y trouver des trésors de patience. Un personnage déterminé qui ne supporte pas les laxistes pourrait aussi prendre une leçon de tolérance.
Malheureusement nos allergies nous aveuglent et rendent bien souvent impossible cette analyse des allergogènes et de leurs molécules. Et pourtant nous savons tous depuis Hippocrate qu’entre le médicament et le poison ce n’est qu’une question de dose…
Le génie du 'et' prévaut à la tyrannie du 'ou'. Nous avions ainsi développé avec Gérard Franses, un collègue consultant de Krauthammer, « la 3ème qualité » qui permet de fertiliser qualité première avec son opposé positif, la qualité ressource. Dans le ‘ou’ nous alternons entre qualité / piège ou entre challenge / allergie. Dans le 'et' ce sont les deux compléments qui sont combinés et intégrés. Pour faire simple, en reprenant notre exemple initial, comment développer une « créativité cadrée » pour éviter le chaos ou l’enfermement. Il ne s’agit pas simplement de trouver un oxymore commode mais de trouver pour chacun le contre-point juste à sa qualité pour lui permettre de durer sans devenir piège. Il est tentant d’émettre l’hypothèse suivante : développer ses qualités sans penser à les co-développer avec leur complément, leur opposé constructif, nous voue aux comportements d’échecs.
Pour conclure, ce cadran est une invitation à la sagesse en empruntant à Paul Valéry ces mots :
« je me suis adoré, je me suis détesté, puis nous avons fini par vieillir ensemble »
Daniel Eppling